18

 

J’ai tellement pleuré

Quand toi tu me trompais

Pourquoi faut-il que tu sois

Si méchant avec moi ?

Bébé, tu ne le vois pas ?

C’est le destin, toi et moi

Mais toi tu me fais pleurer

Sans même le faire exprès

Bébé, dis-moi pourquoi

Pourquoi tu es comme ça

 

« J’ai tant pleuré » Interprété par Heather

Wells Paroles et musique : Dietz/Ryder

Extrait de l’album Été

Disques Cartwright

 

 

Depuis que j’ai commencé à travailler à l’université de New York, il y a presque quatre mois, je me suis rendue aux urgences de tous les hôpitaux de Manhattan, à cause d’étudiants malades ou blessés. Celles de l’hôpital St Vincent sont loin d’être mes préférées. Il y a une télé dans la salle d’attente, mais elle diffuse en permanence des séries débiles, et mes biscuits favoris sont toujours en rupture de stock dans le distributeur.

Par ailleurs, il y a tous ces junkies qui s’efforcent de convaincre l’infirmier de l’accueil qu’ils ont besoin de morphine pour soulager de mystérieuses douleurs aux pieds. Les junkies sont marrants à observer pendant un petit moment, mais deviennent agressifs dès qu’ils commencent à ressentir les effets du manque. Le gardien doit les jeter dehors, et les types se mettent alors à donner de grands coups sur les vitres… Bref, il devient très difficile de se concentrer sur son magazine féminin ou toute autre lecture…

Bien que la salle d’attente de St Vincent craigne un max, le personnel hospitalier est, lui, de premier ordre. Ils me posent toutes sortes de questions au sujet de Jordan, auxquelles je suis incapable de répondre. Mais à peine ai-je prononcé son nom complet qu’ils l’expédient avant tout le monde dans la salle des urgences – car, croyez-moi, même les médecins ont entendu parler d’Easy Street.

Les visiteurs ne sont pas admis aux urgences, sauf au cours des cinq premières minutes de chaque heure. Je dois donc m’en tenir à la salle d’attente. Ne perdant pas de temps, j’appelle le père de Jordan pour lui exposer les circonstances de l’accident.

M. Cartwright est – il fallait s’y attendre – très choqué par la nouvelle que la plus populaire de ses vedettes masculines (qui se trouve être son fils) a été assommée par un géranium en pot. S’il me parle très sèchement, je ne le prends pas personnellement. Notre dernière conversation n’a pas été plus cordiale – il m’avait dit qu’il prierait Jordan de quitter Tania et de « filer doux » si je n’exigeais plus d’interpréter mes propres compositions sur mon prochain album.

M. Cartwright est un gros enfoiré. Ce qui explique pourquoi Cooper ne lui parle plus depuis presque un an.

Après avoir raccroché, je ne vois pas qui appeler d’autre. Cooper, peut-être ? Pour lui dire que son frère a été blessé.

Mais Cooper ne va pas manquer de demander pourquoi Jordan est venu traîner du côté de Fischer Hall. Et à vrai dire, question mensonge, il y a pas plus nulle que moi ! J’ai le sentiment que Cooper va déjouer toutes mes tentatives de lui embrouiller les idées.

Je me laisse donc tomber sur une chaise en plastique, dans un coin de la salle d’attente, et m’amuse à regarder les patients qu’on pousse sur leurs brancards dans la salle des urgences. C’est comme cette série documentaire, sur le câble, mais en direct… Je vois un ivrogne jovial avec une main en sang ; une mère exténuée qui a renversé un cappuccino sur son bébé ; un gamin vêtu de l’uniforme de son lycée, escorté par une bonne sœur et arborant une grosse coupure au menton ; et un groupe de femmes espagnoles sans problème visible, qui parlent très fort et se font hurler dessus par l’infirmier de l’accueil.

Je reste là une vingtaine de minutes, jusqu’à ce que l’agent de sécurité annonce que les visiteurs disposent de cinq minutes pour voir leurs proches dans la salle des urgences. Je suis donc le groupe composé de la bonne sœur, la mère angoissée et les dames espagnoles, franchis les portes battantes, et cherche Jordan du regard.

Il est à nouveau sans connaissance ou, du moins, il a les yeux fermés. La blancheur du bandage, autour de sa tête, fait ressortir son bronzage (ses parents ont une super maison de vacances dans les Hamptons. La piscine est équipée d’une cascade et tout le bazar). Ils ont mis son chariot un peu à l’écart des autres, dans un coin tranquille. Lorsque je la questionne, l’infirmière m’explique qu’un lit a été préparé pour lui là-haut. Ils attendent toujours le résultat des radios, mais il semble qu’il s’agisse d’une simple commotion.

J’ai sans doute l’air très inquiet, car l’infirmière me sourit et pose la main sur mon bras :

— Ne vous faites pas de souci ! Je suis certaine qu’il pourra se remettre à danser en un rien de temps.

En dépit des affirmations de l’infirmière, je ne peux me résoudre à le laisser seul ici. J’ai peine à croire qu’aucun membre de sa famille ne se soit encore présenté. Une fois les cinq minutes écoulées, je regagne donc ma chaise en plastique, dans la salle d’attente, déterminée à rester jusqu’à son transfert dans la chambre, ou l’arrivée de l’un de ses proches. Et ensuite…

Ensuite, j’ignore ce que je ferai. Je suis persuadée à cent pour cent – moi qui, dans ma vie, n’ai jamais été sûre de grand-chose – qu’on a essayé de me tuer.

Vous me suivez ? Après tout, n’était-ce pas ce qu’avait dit ce gars, un des joueurs d’échecs ? « Heureusement que vous avez bougé, ma petite dame, ou ce pot de fleurs vous tombait en plein dessus » ?

Et qui d’autre que Christopher Allington aurait pu pousser ce pot de fleurs ? Qui d’autre a accès à la terrasse de ses parents ? Qui d’autre avait des raisons de me défoncer le crâne à coups de pot de géraniums ? Ce n’était pas une tentative de meurtre préméditée… car comment aurait-il pu savoir que je me dirigerais vers le bâtiment à cet instant précis ?

Non. Il avait dû baisser les yeux, décider que le destin lui donnait un coup de pouce, et balancer le pot. Si je ne l’avais pas esquivé, c’est moi qu’il aurait frappé, et non Jordan. Et il m’aurait très certainement tuée car, croyez-moi, je suis loin d’avoir la tête aussi dure qu’un ex-membre d’Easy Street.

Mais pourquoi Chris voudrait-il me tuer ? Parce que je le soupçonne d’être un meurtrier ? Soupçonner quelqu’un et posséder les preuves de sa culpabilité sont deux choses bien différentes. De quelle preuve Chris craignait-il que je dispose ? Car enfin, en dehors du préservatif – lequel prouve qu’il est un chaud lapin, mais pas un assassin –, je n’ai rien contre lui. Je ne peux même pas prouver qu’il y ait eu meurtre.

Alors pourquoi cherche-t-il à m’éliminer ? Ne ferait-il pas mieux de faire le mort ? D’autant que personne ne croit à un acte criminel…

À part moi, évidemment.

Une voix grave et familière vient interrompre mes méditations. Je cesse de fixer le junkie aux ronflements sonores sur lequel mon regard s’était distraitement arrêté. Levant les yeux, j’aperçois le visage calme et souriant de Cooper…

… et je suis prise d’une soudaine envie de vomir.

— Heather, dit-il avec une nonchalance amicale, en s’asseyant sur la chaise en plastique voisine.

— Mmmm…

C’est tout ce que je trouve à répondre. Drôlement vive, n’est-ce pas ? Après m’être remué les méninges, je finis par ajouter : « Salut. »

Cooper fixe avec détachement le junkie assoupi. Avec son jean usé mais seyant et son blouson de cuir noir, il est à croquer. Plus appétissant, d’ailleurs, que toutes les barres chocolatées du monde. Cooper, je veux dire… pas le junkie.

— Alors ? demande-t-il, gardant son ton décontracté. Quoi de neuf ?

Une vague de froid m’envahit, puis une vague de chaleur. C’est pas croyable, l’effet que ce type a sur moi ! Et il ne m’a jamais invitée à dîner une seule fois ! OK, il m’a proposé de vivre avec lui, mais juste parce qu’il avait pitié de moi. Et je ne vis pas au même étage. J’ai ma porte et mes serrures à moi. Certes, je ne les ferme jamais. Mais s’est-il jamais donné la peine de le découvrir ? Non !

— Pas grand-chose, je réplique, en espérant qu’il ne voie pas mon cœur battre à tout rompre sous mon tee-shirt. C’est… euh… ton père qui t’a prévenu ?

— Non. C’est ton amie Patty. Quand elle est allée te chercher à ton bureau, Magda lui a raconté ce qui s’était passé. Patty avait son bébé avec elle, sinon elle serait venue elle-même.

Le rendez-vous avec Patty. Ça m’était complètement sorti de la tête. Jetant un coup d’œil à l’horloge de la salle d’attente, je vois qu’il est plus de deux heures.

— Oh. Eh bien…

— Ce qu’elle n’a pas su m’expliquer, c’est ce qui s’est passé, au juste.

C’est alors que je crache le morceau.

Ce n’est pas ce que je voulais. Ce n’est pas ce que j’avais prévu, mais…

… c’est sans doute ce qui fait de Cooper un si bon détective. Il y a quelque chose, dans sa voix grave, qui vous fait avouer tout ce que vous savez…

D’accord, je ne lui dis pas tout. Je me débrouille pour censurer l’épisode du tapis du vestibule. On me ferait subir la pire des tortures, que je ne dirais rien à ce propos.

Oh, et j’omets aussi de mentionner ce désir que j’ai de lui arracher ses vêtements avec les dents.

Le reste déboule comme un torrent, ou comme le chocolat chaud lorsqu’il sort de la chocolatière automatique de la cafétéria. Je raconte tout, depuis le concours de play-back de la veille, durant lequel j’ai commencé à soupçonner Christopher Allington d’être l’assassin d’Elizabeth et de Roberta, jusqu’au pot de géraniums venu fracasser la tête de Jordan. Je laisse tomber la scène centrale – son frère et moi faisant la bête à deux dos dans l’entrée.

J’ai entendu, à deux ou trois reprises, Cooper s’entretenir avec ses clients. Le lave-linge est au même étage que son bureau, juste à côté de la cuisine. Je nettoyais ma culotte gainante (que je ne porte qu’en de rares occasions – les séminaires de relations clientèle ou les ateliers de sensibilisation à la diversité socioculturelle) pendant qu’il était en rendez-vous avec des clients. Il s’adresse à eux sur un ton calme et maîtrisé.

… qui n’a rien à voir avec celui sur lequel il s’adresse, en ce moment même, à sa clientèle non-payante :

— Heather, tu es dingue ou quoi ?! s’écrie-t-il, visiblement fou de rage. Tu es allée parler à ce type ?

J’aimerais penser qu’il est furieux parce qu’il a pris conscience de la véritable nature de ses sentiments pour moi, depuis que j’ai frôlé la mort.

Mais, en fait, je crois que ça n’a fait que le conforter dans son opinion que je suis une débile profonde.

— Pourquoi tu me cries dessus ? Après tout, c’est moi la victime !

— Non, ce n’est pas toi. C’est Jordan. Et si tu avais bien voulu m’écouter…

— Si je t’avais écouté, je ne saurais pas que Chris Allington est le dangereux psychopathe que nous recherchions !

— Ce dont tu n’as toujours pas la preuve, fait remarquer Cooper en secouant la tête.

Ses cheveux noirs et épais, qu’il ne fait presque jamais couper, lui retombent jusqu’au col du tee-shirt, ce qui lui donne l’air franchement rebelle – et, en plus, il est détective privé !

— N’importe qui a pu faire tomber ce pot. Qui sait si le jardinier des Allington ne l’a pas balancé sans le faire exprès, en arrosant les fleurs ?

— Précisément juste au-dessus de ma tête ? Bonjour, la coïncidence ! Alors que j’avais justement interrogé Chris Allington la veille au soir ?

À ces paroles, je jurerais que Cooper réprime un sourire.

— Pardonne-moi, Heather, mais je doute que tes talents d’enquêtrice suffisent à transformer Chris Allington en fou meurtrier.

OK, je ne suis peut-être pas miss Marple. Mais faut-il qu’il me le rappelle sans cesse ?

— Je t’assure qu’il a essayé de me tuer. Pourquoi tu ne me crois pas ? je m’écrie, avant d’avoir pu songer à me maîtriser. Tu ne vois pas que je ne suis plus la petite chanteuse de variétés nunuche d’autrefois, et qu’il se pourrait que je sache de quoi je parle ?

À peine ai-je prononcé ces mots que je le regrette. Qu’est-ce qui me prend ? Qu’est-ce qui me prend ? C’est comme ça que je m’adresse au mec qui, sans que j’aie eu à lui demander quoi que ce soit, m’a accueillie sous son toit quand je n’avais nulle part où aller… enfin, à part la chambre d’ami, dans le loft de Frank et Patty.

Tout de même… faut-il que je sois ingrate !

— Je suis vraiment désolée, je bafouille, saisie de panique. C’est pas ce que je voulais dire. Je sais pas ce qui m’a pris. Je suis pas… pas dans mon assiette, voilà ! C’est le stress…

Cooper reste assis là, et me fixe avec une expression totalement indéchiffrable.

— Je ne te vois pas comme une petite chanteuse de variétés nunuche, se contente-t-il de répliquer, sur un ton trahissant un léger étonnement.

— Je sais, dis-je aussitôt.

Oh, mon Dieu ! Pourquoi suis-je incapable de me taire ? POURQUOI ?

— Il m’arrive de m’inquiéter pour toi, voilà tout, poursuit Cooper avant que j’aie pu ajouter quoi que ce soit. Enfin, tu te mets dans des situations… et puis toute cette histoire, avec mon frère.

Comment ça ? Quelle histoire ? Fait-il allusion à ma relation avec son frère ? Ou à ce qui s’est passé hier soir ? Oh, pitié, pourvu qu’il n’ait pas lu le Post…

Il secoue une nouvelle fois la tête.

— Et qui plus est, tu n’as personne… pas de famille pour veiller sur toi.

— Toi non plus.

— Ce n’est pas pareil.

— Je vois pas pourquoi. Je suis plus jeune, c’est tout.

C’est rien du tout, sept ans de différence ! Le prince Charles et Lady Diana avaient bien douze ans d’écart. Bon, c’est sûr, leur histoire a mal tourné… mais pourquoi Cooper et moi devrions-nous commettre, dans notre couple, les mêmes erreurs ? À supposer que nous formions jamais un couple, bien sûr. De toute façon, nous n’aimons ni l’un ni l’autre le polo.

— Et puis, je continue en me souvenant de ce que j’ai vu par la vitre de l’ambulance, j’en ai une, de famille. En quelque sorte. J’ai Rachel et Magda et Pete et Patty et toi…

C’est venu tout seul. Et voilà ces derniers mots qui restent suspendus entre nous. Toi. Tu fais partie de ma famille, Cooper. Ma nouvelle famille, maintenant que les membres de ma vraie famille sont soit en prison soit en cavale. Félicitations !

Cooper me regarde comme si j’étais cinglée (grande nouveauté !). C’est pourquoi j’ajoute sans conviction :

— … et Lucy aussi.

Cooper laisse échapper une longue bouffée d’air et, ignorant délibérément mon petit speech sur la famille :

— Si tu as réellement le sentiment que ce qui vient de se produire n’est pas un accident, et si tu es convaincue qu’on tente de te tuer, je suggère que nous allions voir la police.

Je lui rafraîchis la mémoire.

— J’ai essayé. Tu te rappelles pas ?

— Si. Mais cette fois je t’accompagne, et je compte bien m’assurer que…

Il s’interrompt lorsqu’une jolie brune, petite et menue, se précipite vers la réception en haletant. Elle porte une jupe en cuir et, à la main gauche, un diamant trop lourd pour elle.

À vrai dire, de là où je suis, je ne vois pas la bague. Mais je sais qui est la fille. Je l’ai surprise avec le machin de mon ex-petit copain dans la bouche. Son image restera à jamais imprimée sur ma rétine.

— Je vous demande pardon, souffle-t-elle, s’adressant à l’impassible réceptionniste. Mais je crois que mon fiancé est ici. Jordan Cartwright. Quand pourrai-je le voir ?

Tania Trace, la femme qui m’a remplacée dans le cœur et dans l’appartement de Jordan – et même dans le Top 50.

— C’est marrant, fait remarquer Cooper. Elle a l’air de bien supporter la douleur.

Je lui jette un coup d’œil intrigué, avant de comprendre qu’il fait allusion à quelque chose que je lui ai raconté il y a un bout de temps, juste après m’être installée chez lui.

— Oh, bien sûr. C’est parce qu’elle est accro aux anti-douleurs. Crois-moi, Cooper, difficile de bannir la douleur de son existence quand on s’est tout fait refaire. Je veux dire, elle est passée sous le bistouri je ne sais combien de fois… Normalement, elle devrait faire du quarante-six.

— Parfait, rétorque Cooper. On dirait que mon frère est en de bonnes mains, à présent. On y va ?

Nous partons.

Et c’est pas trop tôt, si vous voulez mon avis.

Une envie de sucré
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